CARREMENT 4

Publié le 31 Janvier 2017

CARREMENT 4

Numériquement, cette quatrième édition se présente comme fort symbolique. En dehors d’une certaine notoriété qui est en train de s’établir, notre manifestation de caractère international s’installe dans le temps comme rendez-vous annuel incontournable de l’Art Construit. Ce mouvement, déjà répandu à l’échelle planétaire, reflète et façonne peut-être le mieux l’air du temps actuel, en ce début bouleversant du XXIème siècle, marqué par la montée en puissance des hautes technologies et le commencement d’une nouvelle ère numérique. L’artiste contemporain ne peut pas rester indifférent à ce nouveau mode de vivre et de concevoir le monde. Ses œuvres matérialisent bien cette nouvelle sensibilité dépourvue de tout contexte anecdotique ou narratif, vestige d’un autre temps, impropre au langage plastique épuré et émancipé. L’austérité apparente de ce langage est compensée par une sophistication et un approfondissement de la dimension esthétique déjà instaurée par les précurseurs et les pionniers de l’art abstrait géométrique.

L’instinct numérique se conforte aisément dans le chiffre quatre, lourdement ancré dans la matérialité de notre monde. La tétrade, symbole du solide, palpable et perceptible, du stable et de l’ordonné, représentait déjà chez les anciens Grecs l’accomplissement de l’harmonie universelle et avait pratiquement la même importance que la décade. L’addition des quatre premiers chiffres donne la somme de dix, le nombre le plus parfait selon la philosophie pythagoricienne. Archétype du pouvoir totalisateur et de la symétrie, le quatre se rattache au carré et à la croix. D’autres significations fondamentales se cachent dans ce numéro prolifique : quatre dimensions qui constituent notre continuum spatio-temporel, quatre éléments, quatre points cardinaux etc. Inutile de rappeler que le rectangle, quadrilatère dont les quatre angles sont droits, encadre depuis longtemps l’imagerie picturale et représente une figure de base dans la création architecturale ou dans le design, bien avant que le Bauhaus ne l’officialise.

Cette année, nous avons l’exceptionnel privilège de rendre hommage à un grand sculpteur récemment disparu, Francesco Marino Di Teana, dont le travail se situe, et surtout dans ses pièces monumentales, au croisé de la sculpture et de l’architecture. Dans cet esprit-là s’inscrit aussi la sculpture "Liberté", exposée à Carrément 4, qui est une des maquettes de la plus grande sculpture monumentale d'Europe, réalisée à Fontenay Sous-Bois, d’une hauteur de 21 mètres pour 100 tonnes d'acier Corten. Conçues pour être intégrées pleinement dans la vie active de la cité, les formes gracieuses et généreuses de ses sculptures, expression noble et lucides de la musicalité pétrifiée, révèlent bien une forte dimension métaphysique intemporelle et un sens inouï de l’universalité. Elles sont à la recherche permanente de la vitalité et de l’équilibre entre le cube et le cylindre, rythmées par l’alternance et la dynamique du vide et du plein. Marino Di Teana, poète et philosophe de l'espace, donne, sans aucun doute, de l’humanité au plus froid des matériaux – l’acier, et nous plonge, par l’intégrité de ses approches et de ses convictions, dans la méditation la plus profonde sur la destinée de l’Art et la cause humaine en général.

Milija Belic,

Commissaire de l’exposition

Rédigé par Milija Belic

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